LE CONFLIT ENTRE L'ORIGINALITÉ Et LA MODERNITÉ
Suite au changement politique en Irak en 2003, différents types de construction ont émergé. Celles-ci se caractérisent par de nouvelles et modernes formes architecturales sans précédent, qui ont revêtu la ville de Karbala et ses alentours. Cette nouvelle tendance de construction visible sur les hôtels, les maisons ainsi que sur les bureaux officiels a pris plusieurs modèles, notamment le modèle européen incrusté de marbre et de colonne d'albâtre.
Par contre, des modèles architecturaux propres à l'héritage de la ville, comme les voûtes, les dômes, les colonnes et les façades qui sont faits des carreaux fabriqués à Karbala, ont commencé à disparaître peu à peu.
D'aucuns pourraient dire que cette évolution constitue la rançon de la modernité et du développement, et que ce qui importe, c'est de conserver le patrimoine intellectuel ainsi que la civilisation. Mais, au fait, l'héritage architectural fait partie intégrante de l'ensemble de l'héritage, lequel est lui seul constitutif de l'identité d'une ville ou d'un pays. Cette épreuve est à cerner à l'échelle mondiale. En effet, lorsque que nous observons l'architecture des cités à travers le temps et l'histoire, nous remarquons, à travers les photos et les imageries, que des pays, qui prennent soin de leur histoire et de leur héritage architectural, tirent profit de ces photos qui valent des moyens d'attirance touristique. En se référant à ces pays, on voit bien ce que la mémoire garde à ce propos, c'est-à-dire un trésor à préserver et à sauvegarder.
Une nécessité s'impose : il faut certes être toujours au courant du développement, mais il est tout autant impérieux de conserver au moins une part juste de l'architecture originale qui est inhérente aux villes, surtout celles qui ont un privilège religieux ou culturel, comme nous voyons dans la plupart des villes du monde.
En guise d'exemple, lorsque le nom de ''Rome" est mentionné, des images de centaines de musées et d'expositions artistiques et historiques, qui remontent à d'anciennes époques, viennent à la mémoire. Il en est de même en ce qui concerne les pyramides d'Égypte, les Églises de France et les bastions de Turquie représentant des patrimoines propres à ces pays, ce qui les rend uniques et contribue à une publicité active profitable non seulement aux villes-sites mais constitue en plus leurs repères .
Il doit en être ainsi pour la ville de Karbala et son histoire, qui commence à la période préislamique et s'étend à la période de l'islam, surtout à travers les événements tragiques de la bataille de Al-Taf en l'année 61 H. La sainte cité mérite d'avoir un modèle architectural unique en son genre, qui se réfère à l'esprit de la ville, laquelle porte la loyauté à l'Imam Hussein (as) depuis plus d'un millénaire.
La ville de Karbala a connu différentes étapes de reconstruction. La dernière remonte à 1921 (a.j) lorsque les forces de l'occupation britannique commencèrent à ouvrir les grandes routes en son sein pour renforcer leur présence militaire et administrative. Après cela, les gouvernements irakiens successifs ont commencé à élargir la ville pour qu'elle apparaisse après cent ans avec une forme qui manque de timbre architectural original, à l'exception des projets menés par les saints sanctuaires. C'est de là que nous touchons la confusion entre la civilisation et la modernité dans les designs et dans la construction.
Les saints Sanctuaires ont pris largement en considération l'histoire de la ville et son propre héritage par les projets qui montrent des repères de l'architecture islamique portant sur les voûtes, les arcs, les vastes salles, les décorations et les espaces ouverts marqués par une grande altitude.
Les saints Sanctuaires à Karbala s'efforcent, au niveau architectural, à ce que l'architecture islamique apparaisse dans l'image la plus manifeste dans tous les projets. Ce qui constitue un appel aux responsables chargés de l'administration de la ville de suivre ces pas, en mettant des critères standardisés pour la construction, mais tout en tenant compte, au niveau de la forme, de la couleur, de l'altitude, afin de préserver une culture architecturale propre à la ville basée sur sa brillante histoire.
Traduit par: Ja'far Sadiq
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