L’hypocrisie est à tout point de vue le défaut psychologique le plus laid. Quand la nature humaine qui est destinée au bonheur, à la liberté et à la perfection, est polluée par le mensonge et la forfaiture, elle devient un vaste champ pour l’apparition de l’hypocrisie qui finira par devenir une seconde nature.
La duplicité empêche de parvenir à une vision claire de la réalité et des qualités positives. Et il est évident que tout ce qui entrave le bon développement psychologique s’oppose à la vie heureuse qui ne se conçoit que par la perfection de l’âme.
L’hypocrisie est un dangereux fléau mettant en péril l’honneur et la dignité de l’homme, et l’entraînant à la négligence et à la déchéance morale. Elle corrode la confiance en soi- qui est nécessaire pour réussir dans la vie- et la fait remplacer par le pessimisme, l’inquiétude et l’angoisse.
Il est des gens dont la déviation morale a atteint le point de non- retour, et qui savent pourtant donner d’eux- mêmes- avec une maîtrise parfaite- une image de philanthrope.
Quand une animosité surgit entre deux personnes, l’hypocrite sait présenter séparément à chacune d’elle un visage d’ami et des paroles doucereuses. Il critique et blâme toujours la personne absente, alors qu’il n’éprouve de sentiment sincère envers aucun des deux rivaux. Il leur ment, l’important pour lui, n’étant que de gagner leur confiance.
L’adhésion factice aux idées des autres, et le refus de témoigner en faveur du droit et de la vérité, sont aussi des signes auxquels se reconnaissent les hypocrites.
L’hypocrite est le plus dangereux, le pire des ennemis jurés. Un grand homme a dit:
«Les ennemis ont ceci de particulier qu’ils sont des ennemis tant par l’esprit que par l’acte. L’inimitié n’a pas de double- face. Puissent les amis aussi se présenter comme les ennemis, sans ostentation! Des amis déloyaux sont une calamité.»
La vie de l’hypocrite est un mélange d’humiliation et de servilité. On ne peut réserver un peu de place de son coeur à l’amitié véritable envers celui qui a opté pour la tromperie.
Les efforts que l’hypocrite déploie pour dissimuler son jeu ne suffisent pas pour le préserver du scandale. Son attitude finira tôt ou tard par le trahir.
Une des causes du malaise social est précisément le fait que les hommes aiguisés par leurs ambitions, s’adonnent de plus en plus à la fausse- apparence et que la sincérité et la pureté font défaut parmi les différentes couches sociales. Quand l’hypocrisie envahit l’édifice social, et assombrit les coeurs, il ne faut s’attendre à rien d’autre qu’à voir la société s’engager sur la voie de la décadence.
A l’avènement de l’Islam, quand le parti des hypocrites vit cette nouvelle religion se répandre avec fulgurance, il craignit, plus que tous les autres opposants, pour sa position, dangereusement mise en péril, et commença à saper les fondements de l’organisation islamique.
Les hypocrites donnaient en apparence leur parole à l’Envoyé de Dieu (saw) ,mais ils ne la respectaient pas dans leurs actes; ils prenaient les croyants en dérision. Ces hypocrites qui formaient une minorité corrompue d’agitateurs dépourvus de toute moralité, ne supportaient pas la vue de la masse des croyants obéissant avec zèle au Prophète(saw).
A leur tête, il y avait Abou Amer ar-Râheb. Avant l’arrivée du Prophète à Médine, Abou Amer était l’annonciateur de la bonne nouvelle de l’Hégire, et quand le Prophète entra à Médine, Abou Amer fut le premier à se convertir. Mais quand il se rendit compte qu’il perdait son rang social avec l’influence croissante du Prophète, il ne put se résigner, se rendit à la Mecque et se joignit aux Polythéistes dans les batailles de Badr et de Ohod. Plus tard, il s’enfuit à Byzance, d’où il dirigea des complots contre l’Islam. Il ordonna à ses partisans d’édifier une mosquée à Médine, chose impossible, sans l’autorisation préalable du Prophète. Ils envoyèrent alors un des leurs, auprès du Messager de Dieu, pour obtenir son aval...
Quand le Prophète revint de l’expédition de Tabouk, ils l’invitèrent à venir inaugurer la mosquée. Ils espéraient ainsi parvenir à réaliser leurs desseins funestes. Mais Dieu en informa Son Messager, lui interdit de s’y rendre et ordonna la destruction du temple baptisé Masjid al-Dharrâr. Le Saint Coran a critiqué ce groupe, les a attaqués et blâmés en maints endroits:
«Parmi les gens, il en est qui disent: «Nous croyons en Dieu et au jour dernier!». Tandis qu’ils ne sont pas croyants. Ils cherchent à tromper Dieu et ceux qui ont cru; mais ils ne trompent qu’eux- mêmes, et ils sont inconscients.
Il y a dans leur coeur une maladie. A eux donc, un châtiment douloureux, pour avoir menti! Et quand on leur dit: «Ne commettez pas de désordre sur la terre», ils disent: «Nous ne sommes que des réformateurs! ». C’est eux, n’est ce pas, les fauteurs de désordre, mais ils sont inconscients!»
Le Prophète de l’Islam dit:
«L’hypocrite est semblable à un agneau, perdu entre deux troupeaux.»
Ailleurs, il nous le décrit ainsi:
«L’hypocrite se reconnaît à ces trois signes: quand il parle il ment; quand il promet il manque à sa parole; quand on lui confie quelque chose, il trahit.»
La duplicité, est une sorte de maladie psychologique résultant de l’abjection de la personne. Et c’est peut- être à cela que se réfère l’Emir des Croyants, Ali (as) quand il dit:
«Prenez garde contre les partisans de l’hypocrisie; car ils s’égarent eux mêmes, et égarent les autres. Leurs coeurs sont atteints d’une maladie, même si leur apparence vous paraît saine.»
L’Emir des Croyants, l’Imam Ali(as) a également dit:
«La parole de l’hypocrite est belle, mais son intérieur est rebelle!»
Comme il n’a jamais de point d’appui solide dans sa vie, l’hypocrite est toujours perplexe.
L’Imam Bâghir (as) a dit:
«Le pire des hommes est celui qui présente deux visages, et tient un double langage. Il ne tarit pas d’éloge envers ses frères, en leur présence; il les dévore de sa langue fourchue, en leur absence. Il les envie quand ils possèdent, et les laisse à leur sort dans les épreuves.»
L’Emir des Croyants (as) évoque un autre trait de caractère des hypocrites en ces termes:
«L’hypocrite est tout à fait indulgent envers lui- même, et agressif envers les autres.»
L’Imam Sâdeq (as) évoquant les exhortations de Luqmân à son fils dit:
«L’hypocrite se reconnaît à trois caractéristiques: sa langue contredit son coeur, son coeur contredit ses actes, et son apparence, son for intérieur.»
L’homme se révèle aux autres par ses idées, et nul ne peut indéfiniment dissimuler ce que recèle son coeur.
Un homme vint interroger l’Imam Sâdeq (as) sur lui-:
- Quelqu\'un me dit: «J’ai de l’affection pour toi.» Comment saurais- je qu’il dit vrai?
L’Imam lui répondit:
«Interroge ton coeur. Si toi tu l’aimes, sache qu\'il t’aime aussi. Vois ton coeur, s’il ne reconnaît pas ton compagnon, c’est que l’un de vous dissimule quelque chose.»
Ali, l’Emir des Croyants (as) dit:
«Les consciences authentiques témoignent mieux que les langues les plus éloquentes.»
Nous avons en vue ici l’hypocrisie au sens large, et non l’hypocrisie au sens restreint où on l’entend en matière religieuse.
L’Islam convie les hommes à une vie pure, dénuée de toute hypocrisie, duplicité, tromperie, de toute dissimulation et de tout obscurantisme.
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